Opération de recharge sédimentaire inédite en France de part son envergure, elle a permit au Drac en important déséquilibre, chenalisé et enfoncé, de reconstruire ses tresses tout en revenant à son bon état de fonctionnement.
Une rivière en déséquilibre ca veut dire quoi ?
Une rivière qui se chenalise et qui s’incise
La première évolution qu’il est facile de constater c’est la chenalisation du Drac c’est-à-dire la transformation en un chenal unique suite à la disparition des tresses et des bras secondaires de la rivière. Les conséquences sont l’augmentation de la vitesse des crues et donc de leur puissance ce qui accentue les érosions de berges, les glissements de terrain et le risque inondation.
En se chenalisant, le Drac va s’enfoncer dans son lit constitué d’un matelas de galets qui repose sur une couche d’argile. Se faisant, il va découvrir les argiles, matériau meuble, dans lequel il va pouvoir s’enfoncer plus aisément. Ce entraine la déstabilisation des ouvrages situés en berge car le Drac va passer en dessous, la déconnexion des bras secondaires, le changement de matériaux en fond de lit qui ne sont plus propices à la reproduction des poissons.
Une nappe souterraine qui s’abaisse
On ne le voit pas mais dans les galets qui forment le lit de la rivière, il y a de l’eau qui forme une nappe souterraine appelée aussi « nappe d’accompagnement ». Elle joue un rôle essentiel auprès de la ripisylve (forêt alluviale qui borde les cours d’eau) car ses racines y puissent l’eau nécessaire à son développement.
Lorsque le niveau de la nappe baisse, la ripisylve se retrouve « perchée » et déconnectée se qui entraine sa disparition et celle de tout l’écosystème qui est lié : la ripisylve abrite les oiseaux, nourrit les poissons et maintien des températures agréables dans l’eau en faisant de l’ombre. Si l’ensemble de ces conditions de vie disparaissent chaque espèce va chercher des lieux de vie et de reproduction plus propices et désertent ainsi ce tronçon de la rivière.
Les grands principes de l’opération de restauration
Le lit est élargi et réhaussé sur 4 km
Entre le plan d’eau du Champsaur (Saint-Julien-en-Champsaur) et le seuil de la Déchèterie (Saint-Bonnet-en-Champsaur) un linéaire de 4 km est restauré soit une emprise foncière de 60 hectares.
D’une part le lit du Drac a été élargit : + 85 m de largeur en moyenne et jusqu’à 130 m par endroit. Le lit du Drac restauré oscille désormais entre 70 et 210 m. Et d’autre part, le niveau du fond du lit a été réhaussé de 3 m en moyenne via la recharge sédimentaire.
Déblais et remblais
La recharge sédimentaire représente 450 000 m3 soit 900 000 tonnes de matériaux. La plus grande majorité des matériaux a été prise sur place et simplement déplacée par le système des déblais/remblais.
Afin d’élargir le Drac, des zones boisées ont été supprimées permettant ainsi de déplacer les matériaux excédentaires dans les zones à remblayer situées à proximité. Ainsi, le déplacement des matériaux a été limité.
Génie végétal et ouvrages de protection
Afin de protéger les enjeux et infrastructures situées sur le linéaire du Drac restauré, deux types de protections de berges ont été mises en place : enrochements ou génie végétal.
900 m d’enrochements ont été installés sur les berges du Drac restauré afin de protéger les principaux enjeux : plan d’eau, station d’épuration, seuil, etc…
Sur le reste des berges du Drac restauré, soit un linéaire de 7.1 km, du génie végétal a été installé notamment le long de la voie verte créée lors de cette opération. Composé de pieux en bois vivant, de fascines de saules en pied de berge et de terre végétalisée retenue par un géotextile sur le versant, ce système permet de lutter contre les érosions de berges tout en facilitant la végétalisation de cette dernière.
Cette animation 3D réalisée en 2013 permet de visualiser les conséquences du déséquilibre et les objectifs des travaux de restauration.
©CLEDA / Bluevista